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SAP (Syndrome d’Aliénation Parentale)

Pour faire référence à la page 48 du manifeste


Il existe plusieurs moyens de discréditer une réalité qui dérange. 

En se référant à un supposé « bon sens populaire » : « Les enfants mentent. Tout le monde le sait… » Sous-entendu : « Il faut être débile pour croire à leurs accusations. » Sous-sous-entendu : « Comme vous n’êtes pas stupide, vous devez, comme moi, dire que les enfants mentent ! » L’avocat Éric Dupond Moretti a souvent eu recours à ce procédé pendant le procès dit d’Outreau, à Saint-Omer, en 2004. 

Autre procédé, la naturalisation du problème : « Les enfants carencés mentent, comme les nuages noirs apportent l’orage. On n’y peut rien et ce n’est pas leur faute. Ils ne peuvent pas faire autrement… » Autrement dit, les enfants émettent des mensonges, comme l’orage des éclairs et des coups de tonnerre. C’est quasi météorologique. C’est en substance ce qu’avance l’expert Paul Bensussan, devant les tribunaux. Avec une telle théorie, nul besoin de rencontrer les jeunes victimes ! Comme au procès évoqué plus haut. À la demande de la défense, il a développé ce point de vue, laissant entendre que les enfants d’Outreau avaient menti. De tous les experts entendus par la cour d’assises, il fut le seul à ne pas trouver crédibles les enfants victimes. Et le seul à ne pas les avoir rencontrés ! 

Mais ces stratégies restent fragiles sans caution « scientifique ». C’est là qu’intervient l’apport du docteur Richard A. Gardner. Ce psychiatre a avancé, dans les années 80, la prétendue découverte d’un désordre mental nouveau chez l’enfant, qui se manifeste par une phase de rejet et d’accusations non fondées vis-à-vis d’un de ses parents. Gardner le baptise SAP (Syndrome d’Aliénation Parentale). Sa trouvaille tombe à pic au moment où il devient de plus en plus difficile de bloquer la parole des victimes… 

Le SAP serait une forme de lavage de cerveau plus ou moins subtil opéré par un parent (aliénant) sur un enfant qui va réagir selon sa personnalité. Une manipulation psychique qu’exerce un parent sur son enfant, parfois inconsciemment. L’inconscient joue un rôle primordial. Il permet d’affirmer qu’on peut être un parent honnête et aliénant sans le savoir. Le SAP fournit au juge une interprétation « clés en main » pour évacuer les accusations d’un enfant contre son père. Selon Gardner, l’enfant victime du SAP ne réfléchit plus par lui-même et réagit mécaniquement. Il ne voit que des qualités à travers le parent aliénant, à l’inverse il ne voit que des défauts à travers le parent aliéné. L’enfant ne se rappelle même plus des bons moments partagés avec le parent aliéné. C’est une maltraitance de l’enfant. On retombe sur la logique implacable du sophisme. L’enfant est victime d’une mère manipulatrice, procédurière, voire hystérique. Donc, dans l’intérêt de l’enfant, il convient de le retirer du giron maternel et d’en confier la garde exclusive au père, que l’enfant a pourtant désigné comme son prédateur. 

Nous connaissons plusieurs dizaines de dossiers dans lesquels, non seulement la mère, qui avait déposé plainte pour son fils, a été déboutée ; mais qui s’est vu retirée la garde de son enfant, au motif qu’elle était incapable de donner une image positive du père à son fils. C’est dans ce contexte kafkaïen que de nombreuses mamans ont fui la France avec leur enfant. Certaines ont été condamnées à de la prison ferme pour « non-présentation d’enfant… » Ces mères-courage méritent notre profond respect. Nous pensons particulièrement à Françoise, Fanfan, qui, durant ce calvaire a développé un cancer qui lui fut fatal, peu après sa sortie de prison. 

Le docteur Gardner s’est répandu dans les médias en affirmant que le SAP était reconnu par les institutions judiciaires de différents pays. Ce qui prouve qu’on peut être expert et souffrir d’un autre syndrome, le SEF : le syndrome d’émission de fausses informations. La recevabilité du SAP a été rejetée par les Cours d’appel d’Angleterre, du pays de Galles. Le ministère de la Justice du Canada s’est prononcé contre son usage. En France une notice sur le site du ministère de la Justice met en garde contre son utilisation. En 2016, le ministère de la Justice rappelle que le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion et que le SAP conduit à décrédibiliser la parole de la mère, du père ou encore de l’enfant et par conséquent à en nier le statut de victime, ce qui inverse les responsabilités. Ni le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ni la classification internationale des maladies de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ne le reconnaît

n 2018, le SAP est proscrit de la justice. Une mise en garde est faite aux magistrats par le Ministère de la Justice sur ce syndrome en rappelant son caractère « controversé et non reconnu ». Pourquoi de tels appels ministériels à la prudence ? Le SAP aurait-il été-il enseigné à l’École de la Magistrature ?

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