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Représentations de l'enfance à travers les âges.


La représentation positive de l'enfant : un être cohérent et spécifique, mû par un puissant instinct de découverte, d'apprentissage et d'autonomie, est une conception récente loin d'être encore généralisée. 

Ce qui a prévalu pendant des millénaires, c'est une vision négative de l'enfant. Pour les Gréco-Romains, déjà, l'enfant est défini par ses manques. Il est incomplet, vide. L'être accompli, c'est l'adulte. Cette vision a traversé les siècles et n'est pas éradiquée.  


C'est de cette approche négative qu'ont résulté les soi-disant « pédagogies » du dressage (pour les comportements) et du remplissage (pour les savoirs). De ce fait, les enfants ne sont élevés que sous la contrainte (plus ou moins violente) alors qu'ils sont spontanément dotés d'un formidable instinct de découverte, d'exploration, d'expérimentation bien plus efficace que toute ingurgitation forcée inadaptée à leur nature profonde.

Ajoutons ceci qui est pire : à l'incomplétude s'est souvent ajoutée la dangerosité. L'enfant est spontanément mauvais, il faut le dresser car c'est un « diable », un chenapan. D'où les punitions, les châtiments corporels dispensés par les pères ou les éducateurs. J'ai entendu très récemment un commerçant s'indigner du fait que « de nos jours on n'a même plus le droit de « corriger »(sic) ses propres enfants ! ». 


Le respect (c'est le mot adéquat) de la spécificité positive de l'enfant a eu, et a toujours, beaucoup de mal à se frayer un chemin. Ce chemin va de Jean-Jacques Rousseau aux pédagogues Célestin Freinet, John Dewey, Lev Vygotski et bien d'autres. Les charges stupides issues actuellement, en France, du plus haut niveau (ignare) du système éducatif contre les « pédagogies de la découverte » (ou constructivistes), vont dans le sens d'un retour en arrière vers le dressage et l'ingurgitation programmée. 

Concernant la sexualité, cela a été le grand silence familial et scolaire. L'enfant qui, bien naturellement, s'interroge sur cette dimension fondamentale de l'Espèce était (est ?) considéré comme « vicieux », alors qu'il est lâchement abandonné à lui-même par des adultes prisonniers de croyances archaïques. Si la situation a évolué, on peut s'interroger sur l'approche souvent strictement mécaniste (Un œuf et une graine – Un pénis et un vagin) qui prévaut souvent et qui exclut l'essentiel : la communication égalitaire entre deux êtres, le respect mutuel et le partage, l'amour quoi ! 


Il nous semble que cette dévalorisation persistante de l'enfant contribue à le faire descendre jusqu'à la situation de simple objet, ce qui est le sujet de cet ouvrage. 

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