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Outreau

Pour faire référence à la page 32 du manifeste


Placés en familles d’accueil, deux enfants du couple Delay-Badaoui, dénoncent, en décembre 2000, des violences sexuelles subies au domicile parental, dans un quartier HLM, la Tour-du-Renard, à Outreau, commune proche de Boulogne-sur-Mer. 

Les services sociaux alertent la Justice. Le couple Delay-Badaoui est convoqué au commissariat, puis arrêté. L’enquête policière s’oriente vers l’existence d’un groupe pédocriminel. D’autres enfants et d’autres adultes seraient impliqués. 


Le dossier est confié au juge de permanence, Fabrice Burgaud


Six nouveaux suspects, en novembre 2001, dont un huissier de justice et son épouse, un chauffeur de taxi et un prêtre-ouvrier, sont arrêtés. Selon la procédure, c’est un juge des Droits et des Libertés (et non le juge Burgaud) qui décide des incarcérations. 


La presse nationale s’est emparée de l’affaire, à l’initiative d’un des avocats de la défense. Une soixantaine d’adultes sont finalement suspectés. Mais seuls 18 sont mis en examen.  Une cinquantaine d’enfants sont présumés victimes. Moins d’une vingtaine seront reçus comme parties civiles.

La défense dira pourtant que l’instruction a été faite à charge !

Aucun des mis en examen ne l’a été sur la base du seul témoignage de Myriam Badaoui, ou sur la parole d’un enfant. Les adultes incarcérés se sont souvent mutuellement accusés. 


Les avocats de la défense choisissent une stratégie audacieuse. Ils contestent peu l’instruction et se préparent au procès qu’ils souhaitent retentissant. Ce sont eux qui ont alerté la presse nationale. Ils présentent une défense collective. A l’exception de couple Delay-Badaoui et de deux voisins, les quatorze autres accusés se déclarent innocents et garants de l’innocence des autres. 


Leurs avocats martèlent l’idée que le juge d’instruction était partial et que toute l’accusation ne repose que sur la parole de Myriam Badaoui et celle d’enfants « menteurs ». Ils font un impressionnant travail de lobbying auprès des chroniqueurs judiciaires. 

Très apprécié par sa hiérarchie, le juge Burgaud a été promu au pool antiterroriste à Paris en août 2002.

Le procès débute en mai 2004.


17 adultes (un des mis en examen est mort en prison), comparaissent devant la minuscule cour d'assises de Saint-Omer (du Pas-de-Calais). Fait incroyable, les accusés trop nombreux pour tenir dans le box, sont installés avec leurs 19 avocats, dans la salle d’audience. Et les enfants sont installés… dans le box des accusés !


La défense va prendre la pouvoir en imposant dès le premier jour 50 témoins de moralité, ce qui désorganise le calendrier des débats. Elle va tout faire pour que les jurés « oublient » le dossier. Car aux assises, le procès est oral. Seul le président et les avocats en ont accès aux pièces du dossier. Les avocats de la défense font subir aux enfants des interrogatoires qui pourraient être assimilés à de la maltraitance. Ils hurlent au scandale à chaque témoignage qui ne leur est pas favorable.  Dans des circonstances non élucidées, Myriam Badaoui disculpe la plupart des accusés.


 A l’issue du procès, en juillet 2004 Myriam Badaoui et Thierry Delay sont respectivement condamnés à quinze et vingt ans d'emprisonnement pour viols. Deux voisins sont également reconnus coupables. Ils ne font pas appel. En conséquence, les douze enfants dont ils ont avoué le viol sont déclarés victimes. Cette vérité judiciaire, sera totalement occultée par la presse.


Autre donnée étonnante, les époux Delay sont condamnés, entre autres, pour proxénétisme. Mais aucun « client » n’a été identifié et jugé !

Mais pour les autres, le verdict suscite l'incompréhension. Sept accusés sont acquittés. Dix sont condamnées à des peines de prison ferme ou avec sursis. Elles font appel.

Procès en appel à Paris, en décembre 2005 dans un climat délétère. La presse soutient la thèse de la défense : les enfants mentent. Le juge Burgaud est responsable du « fiasco » d’Outreau. L’avocat général intervient dans le procès pour présenter les excuses de l’institution judiciaire aux accusés, alors que le jury n’a pas encore délibéré.  Tous les accusés sont acquittés. Ils sont honorés par les plus hautes instances politiques et sont invités sur tous les plateaux de télévision.


L'Assemblée nationale décide, fin décembre 2005, de créer une commission d'enquête parlementaire. On assiste au lynchage médiatique du juge Burgaud. Au plan politique, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur puis président de la République utilise Outreau pour prôner la suppression des juges d’instruction.

En 2012, Maître Dupont-Moretti, animateur du pool de la défense, publie La Bête noire (Michel Lafon) coécrit avec Stéphane Durand-Souffland qui présidait au moment des procès d’Outreau, l’association des chroniqueurs judiciaires…

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