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Patriarcat

Pour faire référence à la page 18 du manifeste

Texte rédigé par Jean-Pierre (JPA)


Etymologie

Le mot « patriarcat » forme un duo étymologique avec « matriarcat ». Leur point commun est l'élément final « arcat » qui dérive d'une racine grecque qui signifie « pouvoir ». 

La première partie des deux mots utilise les racines latines « pater » et « mater » francisées en patri et matri dont le sens est clair. On envisage donc avec ces mots façonnés par les ethnologues un « pouvoir masculin »"(bien réel et visible) et un hypothétique « pouvoir féminin » qui, romantiquement, aurait existé dans un âge d'or préhistorique ainsi que dans quelques rares cultures contemporaines. 


En anthropologie comme en sociologie, le mot « Patriarcat » désigne la quasi universalité dans l'espace terrestre et dans le temps historique de la domination masculine. Domination qui s'exerce dans le couple, dans la famille restreinte ou étendue, dans les fonctions d'autorité politique, économique, culturelles, bref dans tous registres de la vie sociale. Les quelques exceptions connues (dites « matriarcat »), qui n'en sont pas l'inverse mais une forme sociétale plus équilibrée ne peuvent mettre en cause la situation ultra dominante. 


Histoire… et préhistoire.

Car pour avancer vers la sortie de ce système oppressif pour la moitié de l'Humanité il est utile de savoir comment il s'est constitué…

Aucun consensus total n'existe sur les statuts de la femme et de l'homme aux temps préhistoriques. On comprend pourquoi. Cependant des points d'accords existent parmi lesquels : 

  • Importance symbolique de la filiation dans toutes les sociétés. On distingue filiation patrilinéaire (par les mâles géniteurs) et filiation matrilinéaire (filiation par les femmes). Conséquence : le modèle contemporain et dominant du couple « conjoint » est apparu « récemment » (au néolithique, en certains lieux) dans l'histoire humaine. Il a des racines culturelles. Au paléolithique, ces cultures étant absentes, d'autres formes d'union, sans doute plus « libres » prévalaient dans les petits groupes humains. La certitude de paternité était impossible. Bien entendu la maternité était seule vérifiable, ce qui a sans doute engendré des critères de filiations, crédibles, par les femmes : matrilinéaires. Pour les conséquences sur la situation des femmes, les hypothèses varient. L'idée d'un paléolithique merveilleusement matriarcal est sans doute fantasmée. On pense plutôt, actuellement, à un pouvoir dans les groupes nomades non pas matriarcal mais relativement « équilibrées ». Cela sous réserves de découvertes à venir fondées sur les analyses (génétiques ou non) des restes humains datés. 
  • Il a été constaté que les ossements féminins datant du paléolithique n'étaient, en général, pas plus abimés que les ossements masculins, ce qui confirmerait la thèse de micro-sociétés "équilibrées"… par nécessité de survie.
  • Par ailleurs la statuaire du paléolithique montre une prédominance du corps féminin, ce qui est probablement en rapport avec des croyances religieuses sacralisant sinon la femme, la mère. Suppositions…

Au néolithique apparition de l'agriculture et de la domestication animale, sédentarisation, production de richesses (Aliments, objets, outils, vêtements, habitations) remplaçant le prélèvement dans la nature. Peu à peu : existence d'un surplus qui permet d'une part les échanges, d'autre part les appropriations inégalitaires (les classes sociales). 


Naissance du patriarcat. Des cités remplacent l'itinérance. Les conflits entre elles se font jour (Pillages, possession de territoires, asservissements, violences). Dans ce cadre la force physique du mâle humain permet l'apparition de la caste des guerriers. On passe alors au patriarcat. Jusqu'à nos jours inclus, ce patriarcat cultive et même valorise la violence, source de gloire, de pouvoir, de prédations violentes. Les guerriers engendreront les aristocraties, la valorisation de la force masculine, la sous-valorisation de la femme qui ne porte pas le glaive. C'est schématique, bien sûr, mais c'est sans doute le substrat fondamental du patriarcat qui a pu prendre des formes variables. 


Aujourd'hui

L'objet de cet ouvrage est concerné dans la mesure où la pulsion sexuelle masculine associée, via la guerre, à la valorisation de la violence, se trouve fondée à s'exercer librement sur les femmes (le viol est encore de nos jours, dans notre monde « civilisé » une arme de guerre) mais aussi sur les enfants. Ceci non seulement dans la guerre, mais dans la vie sociale patriarcale ordinaire.


Le patriarcat a-t-il toujours existé ? Oui pour ce qui est des cultures connues par l'écriture (directe ou indirecte). Avant, au paléolithique… on l'a vu, on ne sait pas grand-chose…


La Bible, qui scelle dans l'imaginaire péri méditerranéen l'infériorité et la culpabilité féminine est-elle à l'origine du patriarcat ? Pour les exégètes scientifiques, elle n'est plutôt que l'écriture symbolique et métaphorique d'un existant « déjà là » depuis des siècles… ou davantage. La Bible, comme d'autres textes de même statut ne fait que justifier le réel sous une forme légendaire, consolidant ainsi ce qu'on nommerait aujourd'hui la « cohésion sociale » d'un peuple autour du sacré. (C'est d'ailleurs ce que suggère la – difficile - lecture de Baruch Spinoza, lui-même lecteur et exégète des textes hébreux).

Si nous revenons au sujet de ce manifeste : en quoi cette domination masculine sur les femmes concerne-t-elle également la pédocriminalité ? On peut, à notre avis, avancer que cette domination masculine culturellement intégrée et institutionnalisée a donné aux hommes le monopole de la violence. Monopole qui s'exerce, de diverses façons, sur les femmes, mais aussi en toutes autres occasions sur d'autres humains quel que soit leur sexe, sur les enfants, et aussi sur les animaux. Le monopole des armes et donc de la guerre a magnifié une image brutale de la virilité et désinhibé le fait de faire couler le sang (La Bible encore : Caïn tuant son frère Abel…). Ajoutons, comme l'a noté Michel Onfray, le rôle de la testostérone, qui déclenche, pour le sexe masculin, des pulsions sexuelles impératives que l'acculturation devrait normalement permettre de maîtriser mais que des histoires individuelles particulières empêchent de contrôler. C'est le problème de la genèse du violeur.


Cette contribution a été influencée par l'excellent article de Marylène Patou-Mathis paru dans le Monde diplomatique d'octobre 2020 « Sortir la femme préhistorique de l’ombr ».

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