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Dutroux (Affaire)

Pour faire référence à la page 21 du manifeste

Texte rédigé par Serge Garde (SG)


Elle a eu un retentissement mondial. Elle contribua à faire basculer la pédocriminalité du côté des peurs majeures dans les opinions publiques.

Depuis la fin des années 80, la presse signalait des disparitions d’enfants, des fillettes essentiellement. Elisabeth, Nathalie… Julie et Mélissa, Loubna… Ann et Eefjie, Sabine… Leurs visages s’affichent dans les gares et les autres lieux publics. Que font les enquêteurs ? Pas grand-chose. La pédocriminalité n’est pas leur priorité.


L’arrestation suivie d’aveux de Marc Dutroux (déjà connu des services de police pour différents trafics et des agressions sexuelles) en août 1996 permet la libération de deux jeunes filles, Laetitia et Sabine, séquestrées dans la cave d’une de ses cinq propriétés, à Marcinelle. Les fouilles entreprises dans les autres propriétés de Dutroux permettent l’exhumation, le 17 août 1996 à Sars-la-Buissière, des corps de deux fillettes, Julie et Mélissa, enlevées en juin 1995. Elles avaient 8 et 9ans. Et leurs parents avaient alerté tous les médias et fait connaître leurs visages. 

es gens sont d’autant plus horrifiés qu’ils découvrent par la presse, d’incroyables ratés. Ils apprennent, notamment :

  • Qu’un informateur (Claude T.) avait alerté les gendarmes dès le 25 juin 1995 ( le lendemain de l’enlèvement de Julie et Mélissa !) sur l’existence de caches dans la maison de Dutroux (« pour y loger des enfants « en attente d’être expédiés à l’étranger » ! 
  • Qu’une perquisition avait été effectuée le 13 décembre 1995 par les enquêteurs dans la maison où elles étaient séquestrées, à Marcinelle. Les gendarmes n’ont pas prêté attention aux cris des deux fillettes à la cave. Et elles sont mortes de faim, alors que Dutroux était en prison…
  • Que plus d’une dizaine de témoins ou de suspects liés à l’affaire, sont décédés prématurément et de façon « opportune » selon l’avocat général Guy Poncelet ! 

Certes, Michel Bourlet, procureur du roi, avait déclaré : « J'irai jusqu'au bout… » ajoutant prudemment «, si on me laisse faire ». 


Certes, le juge d’instruction Connerotte se lance dans la recherche de témoins, via un numéro vert mis en place à partir du 19 août 1996, deux jours après la découverte des corps de Julie et Mélissa. Une initiative qui permet l'audition de personnes, désignées par un « X » suivi d'un chiffre (de X1 à X11).

Tout ceci semble conforter l’hypothèse de travail du juge Connerotte : Dutroux serait le pourvoyeur en chair fraiche d’un réseau pédocriminel impliquant de hautes personnalités belges.


Mais soudain, le juge Connerotte est éjecté du dossier ! L’annonce de son dessaisissement par la Cour de cassation, provoque stupeur, colère et indignation. Plus de 350.000 personnes descendent dans la rue pour exprimer leur indignation. C’est la fameuse Marche Blanche à Bruxelles qui est perçue comme une révolte contre l’institution judiciaire et la gendarmerie. 


L’instruction est confiée à un nouveau juge qui va reformater le dossier et présenter Marc Dutroux comme un prédateur pervers et solitaire. Enfin presque puisque dans le box des accusés sont également assis sa compagne et complice Michelle Martin, un SDF nommé Michel Lelièvre et Michel Nihoul partouzeur notoire et organisateur de « parties fines » impliquant du beau monde.

15 avril 1997 

Une commission d'enquête du Parlement relève des irrégularités judiciaires et policières dans les enquêtes sur les disparitions d'enfants. 

17 février 1998 

La commission établit cependant que Dutroux n'a pas bénéficié de protections au plus haut niveau de l'État. 


Le procès Dutroux dure trois mois et demi, dans une atmosphère délétère. Le 22 juin 2004, Marc Dutroux est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une "mise à disposition du gouvernement" de 10 ans, permettant de bloquer son éventuelle libération anticipée. 
Michelle Martin est condamnée à 30 ans de prison, Michel Lelièvre à 25 ans. Michel Nihoul écope pour sa part de cinq ans de prison.

Le 23 avril 1998

Dutroux s'échappe de façon rocambolesque du Palais de justice de Neufchâteau (sud-est). Il est arrêté quelques heures plus tard par un garde forestier… Que ce serait-il passé s’il avait été cerné par les gendarmes ? Démission des ministres de l'Intérieur et de la Justice Johan Vande Lanotte et Stefaan De Clerck.

1er mars 2004 

Ouverture du deuxième procès Dutroux devant la cour d'assises d'Arlon. 
 Dutroux est déclaré coupable de l'enlèvement, la séquestration et le viol entre juin 1995 et août 1996 de six fillettes et adolescentes belges. Coupable également de l'assassinat d'An et Eefje et responsable de la mort de Julie et Melissa. 
Michel Lelièvre et Michelle Martin sont reconnus coupables respectivement des enlèvements et des séquestrations. 
Michel Nihoul est acquitté de ces accusations à l'issue d'une nouvelle délibération à laquelle prennent part les magistrats de la cour d'assises. Il est déclaré coupable en revanche de trafic de stupéfiants.

Circulez, puisqu’on vous le dit : il n’y a plus rien à voir ! Les réseaux n’existent pas. Ils ne bénéficient donc pas de protections… Les témoins X ont menti et les seuls médias sérieux sont ceux qui ont validé la thèse du prédateur solitaire. Du coup, en France, il n’y a plus de procès de pédocriminalité en réseau…

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